“Ils sont de l'autre côté du mur, dans cet entre-deux qui sépare le carcéral de l'urbain, une rue, un terrain vague qui est encore un peu la prison et pas encore tout à fait la ville ; sur ce chemin de ronde du dehors, le corps tendu vers le dedans, ils disent en un cri des paroles de réconfort et des nouvelles à ceux qui demeurent dans le temps immobile.
"Ces sentinelles du monde libre fixent une des fenêtres grillagées, un de ces points obscurs derrière lequel un père, un frère, un fils, un compagnon ou un ami attend.
"Ils ne voient pas ce visage devenu invisible - celui- là est dans leur mémoire, ou en photographie soigneusement conservé dans leur portefeuille - mais ils reconnaissent ces voix du dedans que l'on voudrait rendre anonyme. Ils sont pareils à ceux, qui, les jours suivant un tremblement de terre, crient vers les emmurés, ou ces autres qui perdus dans la nuit s'appellent de proche en proche. Crier contre les murs ; crier contre l'obscur. Quand la vue est refusée, seule la voix peut maintenir le lien. Dialogue précaire composé de mots, brouillé par le de quelques lambeaux brouhaha des voitures, déformé par l'écho..."
Philippe Artières, Hautes surveillances
Mathieu Pernot, Hautes surveillances, 2004
Voir aussi : France-culture (15/02/13) : Hautes surveillances
Pour toutes celles qui souffrent et attendent à l'extérieur des murs, qui espèrent et redoutent le moment du parloir, qui prient pour qu'une remise de peine soit accordée à leur aimé(e) emprisonné(e)...
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