Le massacre de Carandiru s'est produit le 2 octobre 1992 au pénitencier de Carandiru à São Paulo au Brésil. L’événement est considéré comme une violation majeure des droits de l’homme au Brésil. Cent onze prisonniers furent tués à la suite d’une rébellion.
La prison de Carandiru, à São Paulo, conçue en 1956 pour abriter 500 détenus, était devenue au début des années 2000 la plus grande d'Amérique latine : une prison surpeuplée et délabrée, 'accueillant' plus de 7 000 détenus...
Sa destruction fut ordonnée en 2002.
Vice News (2009) : Carandiru's Bloody Memories
Carandiru : La Mutinerie
En grandes lettres blanches, tracées sur le terrain de football de la prison, les mutins avaient écrit : "Paix, Justice, Liberté"...
À l’automne 1992, une bagarre éclate entre deux détenusRapidement, ce sont plus de 600 prisonniers qui se regroupent en bandes rivales.
(Sous la bénédiction d'une Vierge : les mutins sont matés)
Carandiru : La répression
Trois unités d’élite chargées des opérations spéciales s’introduisent dans l’enceinte du pavillon 9 pour y remettre de l’ordre. Des prisonniers munis de couteaux et de morceaux de tuiles se retrouvent alors face à 300 hommes armés.
(Sous le regard de la Police, les morts sont évacués)
Une fois le bâtiment verrouillé, les coups de feu commencent à pleuvoir, les chiens sont lâchés et les prisonniers reçoivent l’ordre de se dénuder. La nuit qui s’en suit est sordide. Au petit matin, le directeur de la prison fait le bilan. Cent onze cadavres de prisonniers jonchent les couloirs de son établissement. La plupart des corps ont été retrouvés avec une balle dans la nuque. Aucun agent de sécurité n'a été tué ni blessé...
(Mis à nu, les Mutins sont regroupés dans la cour)
Carandiru : Le massacre
Amnisty International a dénoncé le vaste recours à la torture et les conditions de détention cruelles, inhumaines et dégradantes au sein des centres de détention en cours partout au Brésil.
Des images et des témoignages sont là pour raconter la sanglante répression policière.
Carandiru : Le Procès
Une seule personne avait été jugée pour ce massacre. En 2001, le colonel Ubiratan Guimaraes, qui avait commandé l'opération avait été condamné à 632 ans de prison. Cependant, la Cour suprême du Brésil a annulé cette condamnation, estimant que cet homme avait agi en stricte conformité avec son devoir et qu'il suivait des ordres émanant de sa hiérarchie.
En appel, il avait été acquitté en février 2006. En 2002, il avait même eu le privilège d'être élu député de l'Etat de Sao Paulo. Sept mois après son second procès, il fut retrouvé mort à son domicile, tué d'une balle dans la poitrine, un crime non élucidé à ce jour.
(Le colonel Ubiratan Guimaraes)
Vingt ans après, ce sont 79 policiers, dont un tiers encore en activité, qui ont été appelés à comparaître pour répondre de cette tuerie. Verdict du Tribunal : 156 ans de prison chacun pour le massacre de Carandiru. Comme le prévoit la loi brésilienne, ils sortiront au bout de trente années maximum de détention...
Carandiru : la vengeance
"aqui se faz, aqui se paga"
Le massacre de Carandiru fut un facteur décisif pour la création du PCC, "Premier commando de la capitale", une organisation criminelle accusée d'avoir ordonné le meurtre de dizaines de policiers depuis les prisons, grâce à des complices en liberté, et instigatrice d'autres mutineries...
Sources :
Libération/AFP (03/08/13) : Massacre de Carandiru : des peines de 624 ans de prison pour des policiers
Amnisty International (15/04/13 ) : Le procès du massacre de Carandiru doit mettre un terme à l'impunité héritée du passé
TF1 News (20/02/01) : L'ordre règne à Sao Paulo
Snatch Mag : À l’ombre de Carandiru : la pire tuerie de l’histoire carcérale brésilienne
Le Livre : Drauzio Varella (1999) : Estação Carandiru
En 1989, le médecin Drauzio Varella commence à faire du bénévolat en centre de détention pour la prévention du Sida. Pendant dix années il interviendra dans la Prison de Carandiru, la plus grande prison du Brésil.
Il nous fait partager son expérience de l'enfer, et, sans jamais formuler de jugement moral ni dénoncer un système carcéral archaïque et inhumain, il nous confronte aux prisonniers qu'il soigne. Peu importent les raisons de leur emprisonnement : pour le médecin, ce sont des patients avant tout.
(Le Livre a été traduit en français sous le titre : Carandiru ; sao paulo, bresil, 2005, Ed de L'Aube)
Le Film : Hector Babenco (2002) : Carandiru
Un médecin entend mener un programme de prévention contre le sida au sein de la Prison de Carandiru. Il va devoir apprendre à se débrouiller dans ce monde à part, en se fiant à son instinct.
Peu à peu, il découvre les détenus, leur monde à part, leur humanité et leur fabuleuse envie de vivre. A force de contacts et de temps, il gagne leur respect et partage leurs secrets.
A travers son regard, c'est toute la tragédie sociale d'un pays qui se révèle, jusqu'au jour du terrible massacre de Carandiru...
COMME AU CINEMA (2) Autres Prisons, autres Taulards
COMME AU CINEMA (3) Prison et Fiction
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De tout temps les prisons ont connu des révoltes.
Des mutineries parfois pour pas grand chose, pour presque rien, presque toujours parce que ces foutus détenus ne se contentaient plus de l'ordinaire : conditions de détention déplorables, brimades, cachots, manque de nourriture parfois...
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