01 - CHAPITRE 3 Dans la peau du Léviathan

Dans la peau du Léviathan

d'après le livre de Job - chap. 41

Nul n’est assez hardi pour provoquer le Léviathan.

Qui peut me tenir tête ?

Je dirai tout haut les parties de son corps et sa force et ses formes magnifiques.

Sa double mâchoire, les portes de sa face, qui les a ouvertes ?

Ses dents autour sont effrayantes.

Superbes sont les lignes de ses écailles, comme des sceaux étroitement serrés.

Chacune touche sa voisine, elles adhèrent l'une à l'autre,

Elles sont jointes : un souffle ne passerait pas entre elles.

Elles se saisissent ensemble et sont inséparables.

Ses yeux sont comme les rayons de l’aurore.

De sa bouche partent des éclairs, oui des étincelles de feu s’en échappent.

De ses narines sort de la fumée.

Son âme embrase des braises.

Devant lui bondit le désespoir.

Oui, les plis de sa chair restent collés l’un à l’autre, fondus sur lui, inébranlables.

Son cœur est coulé comme de la pierre, dur comme la pierre du moulin

Des tessons acérés forment le dessous de son ventre

IL laisse après lui un sillage de lumière, telle une herse sur le limon.

On dirait que l'abîme de l'eau a des cheveux blancs.

Il gouverne sur toutes les bêtes sauvages.

***

La Bête-Prison

Nous devenons sa peau, nous sommes ses écailles.

Elle est le fruit de nos entrailles...

Elle bave, et sa salive c'est notre lâcheté humide.

Elle rote et elle pète, et se sont nos cris et nos plaintes.

Elle ronronne et se sont nos gémissements la nuit,

Son écume, sa jouissance.

***