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journal d'un détenu au quartier des "Isolés" - Prison des Baumettes à Marseille

01 - HISTOIRE(S) DES BAUMETTES

Les Baumettes : un paysage à couper le souffle ! (sur la gauche : Le Quartier des Femmes)

Les Baumettes : un paysage à couper le souffle ! (sur la gauche : Le Quartier des Femmes)

 

LES BAUMETTES... vues du ciel

Une Histoire... des histoires !

 

"Les Baumettes, c'est comme une institution ici, comme l'OM, la Bonne Mère ou le Vieux Port.."

Thierry Alves

(Ex-) Directeur de la Prison des Baumettes (France Soir : 26/10/10)

          (Photo : Baumettes : le Quartier des hommes)

 

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Bruno des Baumettes

Les Baumettes ! Toute une Histoire... une Histoire encore à écrire - puisque les documents sont encore épars, les sources dispersées.

 

Une Histoire (avec un grand "H") mais surtout des histoires... 

 

Des histoires à la marseillaise, des histoires de truands parfois - de pauvres types incarcérés souvent -, des histoires de vies et de morts aussi. C'est à Marseille - aux Baumettes - qu'à eu lieu la dernière exécution capitale : c'est là que pour la dernière fois à fonctionner l'ignoble guillotine.

 

C'est là aussi que j'ai été emprisonné et que j'en fais ici récit. En voilà bien des histoires !

 

Sartorio : La Colère

Autres Liens :

 

LES MURS DES BAUMETTES

DES MOTS ET DES MURS

DES MURS ET DES PRISONS

 

 

 

 

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Une petite histoire de la Prison des Baumettes... en 55 minutes

 

Radio Grenouille (14/01/15)

Ça vient pas de nulle part : Histoire de la Prison des Baumettes

 

Lire et écouter l'émission : Radio Grenouille (14/01/15)

 

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HISTOIRE(S) DES BAUMETTES

 

 

1930-1940 : La construction d'une prison moderne

1938 : Antoine Sartorio - Les Sept péchés capitaux

1940 à ?? : Les Baumettes - Une prison politique ?

1976 et 1977 : Les derniers Guillotinés de France

Depuis les années 70 : Une longue descente aux Enfers

1987 : Histoire d'une mutinerie

2013 : La construction des Baumettes II 

 

 

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DE LA LUMIERE... A L'OMBRE

 

01 - HISTOIRE(S) DES BAUMETTES

'Il y a le ciel, le soleil et la mer...'

Le quartier des Baumettes est situé dans le 9ème arrondissement de Marseille, entre le village de Mazargues et les collines. En dépassant la prison en direction des collines, la route mène au parking du parc des Baumettes et au départ de la route du feu qui rejoint la Calanque de Morgiou.

Le bout du Monde...

 

Construite très loin du Centre ville de Marseille, de sa Canebière et de son Vieux-Port, la Prison des Baumettes est à l'origine située dans une enclave, une impasse qui relie le Quartier de Mazargues à l'ancien village de La Cayolle.

 

Histoire du Camp du Grand Arenas Le Camp du Grand Arenas

 

Afin "d'accueillir" les nouveaux arrivants qui affluent, dès la Libération à Marseille, l'Architecte Fernand Pouillon va édifier, non loin, de "drôles de baraques" en forme de tonneaux, qui deviendra le Camp du Grand Arénas.

 

Isolé par des murs ou des barbelés, son nom varie au fil des années : "camp Vietnam" fermé en 1948, "Enclave juive" ensuite - pour ceux venus d’Europe centrale et du Maghreb en transit vers Israël.

 

Il verra jusqu'à sa fermeture en 1966 passer des milliers de 'transitaires' : étrangers de toutes origines, ainsi que des familles françaises, immigrées ou gitanes, en attente d’un logement définitif.

 

 

Camp du Grand Arénas © Droits réservés / Adoma La Ville a horreur du vide : La campagne Colgate

 

Dès les années 60, le pied des Calanques est rattrapé par la ville. Sur les décombres du Camp du Grand Arenas - officiellement fermé - s'établit-là un bidonville peuplé, en majorité, d'Immigrés vivant entre tonneaux et baraques : La campagne Colgate...

 

Marseille connaît alors une crise du logement : des dizaines de familles s'installent alors, dans la précarité, entre misère, mer et soleil.

 

 

La Cité des Cayolle - Marseille 9ième La Cité de La Cayolle

 

En 1972, afin de reloger une partie des habitants du bidonville (résorbé en 1974), une cité est construite. A Marseille, une 'cité' signifie un 'grand ensemble' constitué de logements sociaux. La Cayolle est une des rares cités des Quartiers Sud (les quartiers riches de Marseille).

 

Le plan d'urbanisation a prévu aussi la construction d'habitations individuelles, de petites villas dont les habitants profitent de la proximité des Calanques. Le quartier devient une zone de 'mixités' sociale, ethnique, culturelle qui ne se fréquentent guère.

 

 

Le Parc National des Calanques Entre la prison et les calanques

 

Situé à deux pas du nouveau Parc naturel national des Calanques, Le Quartier des Baumettes offre un terrible contraste. D'une part son effroyable prison et, de l'autre, une nature sauvage et ses sites exceptionnels. Protégés par les hauts murs barbelés, le paysage qu'on aperçoit derrière vous donnerait envie de balades, presque envie d'évasion...

 

Les Baumettes : une prison... moderne

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1930-1940 : LA CONSTRUCTION D'UNE PRISON MODERNE

 

En 1930, Marseille comptait trois établissements pénitentiaires en centre-ville : l’ancien couvent des Présentines, les prisons Chave et celle de Saint-Pierre. Il fut alors décidé de regrouper ces trois pénitenciers en un seul : la prison de Baumettes.

 

La construction, réalisée par l’architecte départemental Gaston Castel (1886-1971), s’échelonna de 1931 à 1940.

 

Eléonore Marantz, docteur en histoire de l’art, montre que la prison des Baumettes construite entre 1931 et 1933 s’inspire largement du plan de la prison de Fresnes (1895-1898) qui reste un modèle jusqu’aux années 1960.

 

Ce qui préside à la conception des prisons apparaît alors surtout comme un processus de répétition, une inertie historique par laquelle on se contente, pour l’essentiel, de reproduire la prison précédente...

 

(Source : « L’architecture carcérale : les mots et les murs »)

 

 

lien vers : http://marseillesculptee.blogspot.fr/2011/04/les-sept-peches-capitaux-antoine.html 1938 : A. Sartorio - Les Sept péchés capitaux

L'Art a-t-il jamais franchi les murs des Baumettes ? En tout cas, il s'est inscrit, sous forme de hauts-reliefs le long du mur d'enceinte de la prison : à l'extérieur bien entendu ! (L'enceinte et ses hauts-reliefs sont classés)

Voir : Les 7 sculptures d'Antoine Sartorio

 

lien vers : http://marseillesculptee.blogspot.fr/2011/04/les-sept-peches-capitaux-antoine.html lien vers : http://marseillesculptee.blogspot.fr/2011/04/les-sept-peches-capitaux-antoine.html lien vers : http://marseillesculptee.blogspot.fr/2011/04/les-sept-peches-capitaux-antoine.html

 

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P.R.I.S.O.N.S.

LES BAUMETTES : UNE PRISON POLITIQUE ?

 

Oui ! Les Baumettes ont été (et le sont-elles encore ?) une Prison politique.

 

Dès sa création, les Baumettes ont été une Bastille où l'Administration française a tenu enfermés des hommes parce qu'il y allait de Raison d'Etat, de "sa" Raison d'Etat.

 

 

Công Binh - La longue nuit indochinoise

Les oubliés d'Indochine

 

En 1939, la France fit venir vingt mille Indochinois de sa lointaine colonie d’Extrême-Orient. Recrutés pour la plupart de force, débarqués à la prison des Baumettes à Marseille, ces hommes furent ensuite répartis à travers la France dans les entreprises relevant de la Défense nationale.

 

Après-guerre, ce n'est qu'au compte-gouttes qu'ils purent rejoindre leur patrie. Un partie furent 'relogés' juste à côté des Baumettes, dans le 'Camp Vietnam' (le Grand Arenas), clôturé et embarbelé. Ce n’est qu’en 1952 que les derniers de ces hommes furent autorisé à repartir. Un millier fit le choix de rester en France.

 

Pour approfondir :

Thanh Nguyen Van (2012) : Saïgon-Marseille aller simple

Pierre Daum (2009) : Immigrés de force - Les travailleurs indochinois en France (1939 - 1952)

 

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Daniel Timsit - Récit de la longue patience

Les Combattants FLN emprisonnés aux Baumettes

"En dedans, eau courante, le fil des images et des idées se dévide irisé de soleil. Trente pas, trente pas, pas plus. Sinon ce sont les latrines avec des crottes séchées et la mare d’urine et d’eau croupie où viennent boire les mouches dans l’angle du mur et des latrines..." (Daniel Timsit (2002), Récits de la longue patience - Journal de prison 1956-1962)

En 1960-1961, en pleine Guerre d'Algérie, de nombreux militants du FLN furent détenus aux Baumettes.

 

Il est vrai que Marseille à toujours était la porte vers l'Afrique du Nord. Pour eux, ce furent des portes verrouillées et des barreaux aux fenêtres. Certains et certaines d'entre eux/elles, furent condamnés à mort. Il y avait des femmes aussi... En mars 1960, 150 prisonniers FLN entament une grève de la faim aux Baumettes.

 

(Aucun d'entre eux ne fut, à ma connaissance, exécuté dans l'enceinte des Baumettes)

 

Pour bien faire, l'Etat incarcéra aussi aux Baumettes des militants politiques français favorables à la cause algérienne, tels Anne Beaumanoir ou Robert Bonnaud :

 

"J’ai été en prison de juin 1961 à juin 1962, pas tout à fait un an. On a été libérés après la signature des accords d’Evian. En mars 1962, au moment du cessez-le-feu, les Beaumettes se sont vidées, mais il est resté un tout petit groupe de gens, des Français, qui donc ne pouvaient pas bénéficier de l’accord de cessez-le-feu. On a fait une grève de la faim qui a duré quinze jours et qui a été très pénible..." ('un franc-tireur minuscule', entretien avec Robert Bonnaud)

 

Incarcéré au « quartier algérien » des Baumettes, il y donne des cours d’histoire et géographie de l’Algérie, Il contribue à l’évasion d’un militant du FLN condamné à mort et soutient une grève de la faim de quinze jours

 

Parmi ces détenus, il n'y avait pas seulement des 'héros', des 'résistants' ou des 'terroristes' (puisqu'on l'Etat français les qualifiait ainsi). Plus simplement, on y écroua aussi ceux qu'on a appelé 'les soldats du refus', des appelés du contingent - insoumis ou déserteurs - refusant de servir l'ordre colonial.

(Hélène Bracco, 2008, Mémoires gênantes et occultées : les actes de refus dans la guerre d’Algérie)

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Jean-Marc Rouillan

Jean-Marc Rouillan - le Taulard d'Action directe

 

« Le temps carcéral, pour les très longues peines, est un analgésique qui te laisse juste assez de vie en toi pour que tu puisses t'observer mourir... »

 

Jean-Marc Rouillan, ex-membre d'Action directe, est - à ma connaissance (?) - le dernier prisonnier politique qu'ont connu les Baumettes.

 

Détenu depuis 1987 dans divers centres de détention de France (mais pas de Navarre, ne faisant pas pas partie de l'ETA), il bénéficie en 2008 d'un régime de semi-liberté.

 

A la suite d'une interview qu'il donne au magazine L'Express en 2008, la Justice révoque sa libération conditionnelle. Jean-Marc Rouillan retourne à la case Baumettes.

 

"Je m'appelle Jann-Marc Rouillan et depuis une année je suis emprisonné pour quelques mots dans une interview..." (Source : La Provence 9/12/09)

 

Gravement malade, plusieurs fois hospitalisé, il ne ressortira partiellement des Baumettes qu'en mai 2011, bénéficiant d'un régime de semi-liberté à Marseille, assorti du port d'un bracelet électronique. En mai 2012, à 60 ans, après 25 ans de vie carcérale, il bénéficie d'une liberté conditionnelle...

 

Il reste alors pour six ans assigné en résidence dans le Département des Bouches-du-Rhône : les Baumettes ne sont jamais loin.

 

Durant tout ce temps, Jean-Marc Rouillan n'a eu de cesse de témoigner de ses conditions d'incarcération : Chroniques carcérales (2003-2007)

 

Suivre le parcours carcéral et judiciaire de Jean-Marc Rouillan sur Agone.org

 

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Une prison... dans la tête

Les Baumettes sont-elles encore une prison politique ?

 

Lors de ma détention, j'ai eu l'occasion, dans une cellule-d'attente où on fait pendant parfois de longues heures patienter les détenus, de discuter avec un Corse emprisonné-là, dans le Quartier des Isolés.

 

"Ce matin, un détenu corse m'a demandé si je savais si les Baumettes avaient été construites pendant la guerre pour y enfermer les Juifs. Je lui réponds que je l'ignorais, mais qu'à mon avis, ''c'est pas pour ça''..." (Chapitre 3 - des prisons et des rats)

 

Je ne sus vraiment quoi lui répondre...

 

S'il me posait aujourd'hui la question de savoir si Les Baumettes sont une prison où l'Etat français continue à emprisonner des détenus pour des raisons politiques, idéologiques ou bien à cause de leur croyance, là, honnêtement, je ne saurais rien lui dire...

 

Y a-t-il eu d'autres détenus politiques aux Baumettes ? Y en a-t-il encore ? Des Basques ? des 'Fous de Dieu' ? ou des Corses, peut-être ? Je ne sais pas.

 

Mieux vaut alors me taire... puisqu'ici, je n'ai rien à dire...

 

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Etoile de David

Un dernier mo(r)t, pourtant

 

A la suite de l'attentat du 3 janvier 1943 contre l'Hôtel Splendide, siège de la Gestapo à Marseille, les autorités allemande ordonne la démolition du Vieux quartier du port et la purge de toute la vermine qui grouille dans ces entrelacs de ruelles et de vieilles bâtisses.

 

L’état de siège est proclamé et de nouvelles unités de la Wehrmacht et de SS, ainsi que de nombreuses troupes françaises sont dirigées vers Marseille. 

 

Les vieux quartiers sont bouclés dans la nuit du samedi 23 janvier et évacués le lendemain. Les opérations dureront encore toute la journée du dimanche.

 

Sous le contrôle de René Bousquet, secrétaire général à la police de Vichy, et de Pierre Barraud, Préfet délégué à l’administration de la Ville de Marseille, 635 personnes sont arrêtées au cours de la nuit et conduites à la prison des Baumettes.

 

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Le Petit Provençal (05/01/1943)

Mais étaient-ils tous des Juifs ?

 

Les 22 et 23 décembre 1943 de nouvelles raffles ont lieu. Le premier jour de la fête juive de Hanoukka, la Gestapo fait irruption dans la synagogue de Marseille - Rue Breteuil - et emmène les fidèles et les deux rabbins.

Les arrestations se poursuivent, et de nombreux Juifs seront arrêtés à leur domicile. Transférés à la prison des Baumettes, puis au camp de Drancy, ils sont rapidement déportés à Auschwitz et assassinés. 

 

Ecoutez : Une déportée marseillaise passée par les Baumettes en 1944



Alors, oui, peut-être : les Baumettes ont aussi été construites pour les Juifs. Fatum est

 

Sources : AJPN, Marseille en 1939-1945 ; Musée de la Résistance, Le Petit Provençal 3/01/43 ; INA (2006) : Mémoire de la Shoah

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Hamida Djandoubi guillotiné le 10 septembre 1977 est le dernier condamné à mort en France.

 Crédits : GERARD FOUET / AFP FILES / AFP

 

1976-1977 : LES DERNIERS GUILLOTINES DE LA REPUBLIQUE

 

La Guillotine

La Prison des Baumettes à Marseille a le triste privilège d'être l'endroit où l'on a, pour la dernière fois, exécuté des hommes à la Guillotine. 

La dernière fois en France qu'on guillotinait, mais aussi... dans le Monde. (Puisque la France était l'un des rares pays - avec la Belgique - à pratiquer cette mise à mort.)

 

 

En 1976, Christian Ranucci est guillotiné dans une cour de la Prison des Baumettes

 

Christian Ranucci est considéré (à tort) comme le dernier Guillotiné. 'L'Affaire Ranucci' provoque un émoi public dont le Livre Gilles Perrault (1978) et le Film de Michel Drach (1979) : 'Le Pull-over rouge', retracent les épisodes.

 

 

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Le Dernier Guillotiné

17 septembre 1977, Hamida Djanbouti est exécuté

 

La France est alors le dernier pays d'Europe occidentale qui maintient la Peine de mort. C'est aux Baumettes, lui aussi, comme Christian Ranucci l'année précédente, que Hamida Djanbouti est décapité...

 

Pour la dernière fois (pour l'instant), le couperet de la Guillotine coupe sa dernière tête. La peine de mort ne sera abolie que quatre années plus tard, en 1981.

 

Depuis lors, elle hante les musées. Elle s'expose aujourd'hui au Mucem - Musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée , à Marseille. Peut-être en leg des dernières exécutions capitales ?

 

Lire : Le Monde (09/10/13) :"C’est à ce moment qu’il commence à réaliser que c’est fini"

Lire aussi : Larmuerie : Vingt minutes avant la mort : récit de la dernière exécution française

 

 

UNE LONGUE DESCENTE AUX ENFERS

 

Les Baumettes vieillissent mal, les Baumettes ont mal vieillies. Dès les années 70, la dégradation inexorable des anciens bâtiments, le manque d'entretien et d'hygiène et peut-être (surtout !) le laisser-pourrir de l'Administration pénitentiaire, créent des conditions de détention de plus en plus "inhumaines" (selon le terme employé par le Contrôleur général des Lieux d'enfermement).

 

Ca ne date pas d'hier !

Extrait du Rapport du Commissaire européen aux Droits de l’Homme sur le respect effectif des droits de l’Homme en France (Alvaro Gil Robles, février 2006) :

"J’ai été choqué par les conditions de vie observées à la Santé ou aux Baumettes. Ces établissements m’ont semblé particulièrement démunis. Le maintien de détenus en leur sein me paraît être à la limite de l’acceptable, et à la limite de la dignité humaine.

"Lorsque j’en ai fait part au Ministre de la Justice, il m’a informé que le gouvernement prenait très au sérieux cette situation et que des efforts ont été entrepris depuis deux ans pour l’améliorer, surtout en ce qui concerne la prison des Baumettes à Marseille. Je ne peux que me réjouir de cette annonce faite par le Garde des Sceaux au mois de novembre 2005..."

(Commentaire très personnel : 'Tu parles !')

 

OIP - 15 mai 2008 : Baumettes : les détenus sont privés des droits les plus élémentaires

Communiqué de l’OIP : "La section française de l’OIP informe des faits suivants : "Violences liées à la promiscuité, délais rallongés pour l’obtention d’une consultation médicale, accès aux douches réduit, service vestiaire encombré, lignes téléphoniques de réservation des parloirs saturées, nombreuses sont les conséquences de la surpopulation au centre pénitentiaire des Baumettes à Marseille (Bouches-du-Rhône)..." (Lire la suite)

 

Les images ne suffisent plus ici...

 

Les images ne suffisent plus ici pour décrire toute cette crasse et cette noirceur. Il faudrait que vous sentiez la puanteur infecte, la pluie qui s'infiltre et dégouline jusque dans les cellules, le froid d'hiver et l'humidité qui envahissent les cellules.

Il faudrait aussi que vous entendiez, de jour comme de nuit hurler les détenus, que vous les entendiez frapper contre des portes obstinément fermées.

Il faudrait pour cela que vous soyez un rat des Baumettes, un maton ou un taulard...

 

Pour aller plus loin :

Alain H. ancien maton (27/10/11) : Les Baumettes ou l'horreur des coursives

Régis Sauter (9/11/12), 'La première fois, les bruits m'ont complètement submergé'

Jacky Tronel '6/12/12) : Les Baumettes « inhumaines » : pourquoi l’état des prisons n’a cessé de se dégrader

Jean-Marie Delarue, Contrôleur Général des prisons : Rapport d'urgence (6/12/2012)

G. Korganow : Photos accompagnant ce même rapport.

 
Une cellule aux Baumettes
 

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01 - HISTOIRE(S) DES BAUMETTES

Juillet-Août 1987

Témoignages sur la grande mutinerie aux Baumettes

Le 16 juillet puis le 13 aôut 1987 deux violentes mutineries éclatent aux Baumettes.

Voici deux témoignages.

Le premier est celui d'un détenu ayant participé à la mutinerie du 16 juillet qui toucha principalement le Bâtiment B et détruisit l'atelier de menuiserie ...

Le jeudi 16 juillet 1987 aux Baumettes, ce n’est pas 40, 50 ou 60 détenus qui se sont révoltés pour se vider de la haine dont on les ait emplis, mais 600 ou 700, car les 200 détenus que vous avez vus à la télévision, sur les toits des bâtiments A et B, et sur les toits des coursives des promenades, ne représentaient qu’une partie des mutins.

A l’intérieur du bâtiment B où il n’y avait plus de surveillants, tous les détenus étaient hors de cellule. L’explosion des Baumettes est celle de 55 000 détenus des prisons françaises, elle représente le ras-le-bol de tous les détenus.

Ce n’est pas la prison qui est en cause, c’est le système, la justice et la police qui en sont les causes. Répression, répression est le seul mot qu’ils connaissent, prévention et aide à la réinsertion, ils ne connaissent pas. Ils savent très bien qu’en plaçant 55 000 détenus dans des établissements qui ne peuvent en contenir que 32 000, ils amorcent la mèche qui va tout faire sauter. Politique, pouvoir, individu, qui se cache derrière tout cela ? Là est la question, qui peut tirer les marrons du feu sans se salir ou se brûler ? Finalement, à la haine répond la violence, qui engendre les mutineries carcérales. Les révoltés vont encore subir les contre-coups des mêmes coupables, justice, police, pouvoir. On dit que tout délit mérite châtiment, j’en connais beaucoup, des délits qui restent impunis. Pourtant justice et police eux aussi sont au courant.

Alors pourquoi la France, pays démocratique, a-t-elle une justice de classe ? Que veulent dire ces beaux mots, liberté, égalité, fraternité ?

Les médias dénoncent assez souvent des personnalités mouillées dans des affaires plus que louches, mais justice et police, complices du pouvoir, combinent de façon à étouffer ces affaires puis, les médias écrasent des coups qu’ils avaient dénoncés. Pour laisser la une à des braquages, des vols de voitures, des cambriolages qui alimentent les quotidiens des journaux, afin de laisser bien tranquilles les coupables du genre V.I.P., à leur sales coups.

Vous avez dénoncé le trop plein des prisons, qui impose une promiscuité, dénoncé aussi la prise en charge et le paternalisme des directeurs des établissements pénitentiaires : on ne peut pas prendre une initiative personnelle sans en avoir au préalable fait une demande écrite. Ces demandes réclament, pour nous, une réponse prompte. Hélas, que ce soit le directeur, le surveillant chef ou tout autre service auquel elle est adressée, une réponse se fait toujours attendre. S’il y en a une, de plus, elle est rarement claire, il faut donc la refaire, et bien souvent, la réponse est négative.

Source : 'Une histoire succincte des luttes anticarcérales depuis l'intérieur des prisons', Textes de prisonniers

1983 : Mutinerie aux Baumettes

1983 : Mutinerie aux Baumettes

Le second témoignage est celui d'un Maton Alain H, qui vécut les événements du 13 août...

 

Voilà..., c'est ainsi que j’ai vécu la grande mutinerie de 1987 aux Baumettes : les émeutes de la honte. Je n’étais encore que simple surveillant...

 

 

A l'intérieur des prisonsSur les toits fumants des Baumettes, ils étaient montés : masqués et grimés. Ils réclamaient plus de parloirs, des meilleures conditions de détention, plus de liberté. Après qu'ils ont crû triompher, le retour de bâton fut terrible.


L'ambiance était électrique...


Lorsque je suis rentré dans les coursives encore fumantes du bâtiment A, c'était comme après un bombardement. Ça sentait le brûlé partout, une odeur âcre nous prenait à la gorge. Devant nos yeux un spectacle de désolation, des fumerolles s'élevaient un peu de partout.

 

A l'intérieur, les portes avaient été arrachées, renversées, les grilles étaient tordues comme de simples bouts de fer. La rage semblait avoir multiplié leurs forces : il ne restait plus rien debout. La vision du désastre me serra le cœur. Un profond malaise nous envahit de voir ainsi anéanti notre prison, une prison qui, de toute façon, devait continuer à fonctionner.


L'ambiance était électrique, mélange de révolte, d'un côté et de revanche de l'autre. Les détenus venaient d'avoir eu leur heure de gloire, s'affichant à toutes les éditions des journaux télévisés, sur les grandes chaînes nationales...

 

Lire la suite de son témoignage sur : PRISONS MUTINES
 

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VERS UNE "NOUVELLE PRISON" ?

 

2013 - La construction des Baumettes II (le retour !)

 


Christiane Taubira pose la première pierre des Baumettes 2

 

 

Aux Baumettes, Taubira met de l'humain dans sa truelle

La garde des sceaux Christiane Taubira est venue poser la première pierre des Baumettes II. 573 places supplémentaires vont être créées... Lire l'article : MarsActu (14/11/13) 

 

 

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