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journal d'un détenu au quartier des "Isolés" - Prison des Baumettes à Marseille

L'Etat Carcéral : entre miradors et observatoires...

 

Plus "observé" que ça, Tu meurs !

 

Aujourd'hui, plus que jamais les détenus sont placés sous l'oeil "d'observateurs attentifs" : d'abord, et bien sûr, ce sont les miradors et les caméras qui vous surveillent et épient vos moindres allées-et-venues. C'est aussi, "grâce" aux différents observatoires mis en place afin d'évaluer, de "mesurer" la résistance des détenus et aussi  la pertinence de la peine et plus généralement l'évolution du système d'emprisonnement (ou plutôt des bêtes qu'on y emprisonne).

Ces "observatoires ", constitués principalement de spécialistes (universitaires, juges ou fonctionnaires...), sont bien rarement "ouverts" aux détenus eux-mêmes, ou ex-détenus.

Telles des fournis entre les mains d'entomologistes, les personnes incarcérées peuvent y être examinés et disséqués à loisir. Il est vrai qu'on observe mieux les insectes quand on les a enfermés dans une boîte ou épinglés entre quatre murs !

 

1er Août 2014 : Création d’un observatoire de la récidive et de la désistance

 

"Par décret du 1er août 2014, la garde des Sceaux a créé l’observatoire de la récidive et de la désistance.

"Cet observatoire est chargé de rassembler et d’analyser les données existantes, tant quantitatives que qualitatives, sur les différents types d’infractions commises, sur les modalités d’exécution des décisions de justice dans le domaine pénal, sur les modalités de suivi, d’accompagnement et de contrôle des personnes sous main de justice et sur les facteurs de sortie de la délinquance.

"Sous la forme d’un rapport annuel et public, entre autres, cet organisme mettra ces données et analyses à disposition du public, mais aussi des parlementaires, responsables gouvernementaux et ministériels, acteurs professionnels, associatifs et bénévoles concernés, pour leur « permettre de disposer d’informations de qualité et d’analyses approfondies et rigoureuses sur les phénomènes de récidive et de désistance ». De plus, il pourra formuler toute recommandation utile pour améliorer la connaissance des phénomènes observés. Ses missions résultent de l’article 7 de la loi n° 2009-1436 du 24 novembre 2009, sauf en ce qui concerne l’observation du suicide en établissement pénitentiaire dans la mesure où cette mission est d’ores et déjà assurée par l’Observatoire national du suicide.

"Organe indépendant, il est composé de 17 membres et d’un président, magistrat, nommé par la garde des Sceaux pour une durée de quatre ans. Il se réunira « en tant que de besoin » sur convocation de son président et au moins trois fois par an."
 

Source : Actualité du Droit Lamy

 

Pour en savoir plus : Pierre victor Tournier (2014) :  

NAISSANCE DE L’OBSERVATOIRE DE LA RÉCIDIVE ET DE LA DÉSISTANCE :
Un long processus inachevé

 

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L'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP)

 

L'ONDRP est un département de l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la Justice. Il est doté d’un conseil d'orientation chargé d’assurer l’indépendance de ses travaux. Il a comme activité principale la production et la diffusion de statistiques sur la criminalité et la délinquance. L’ONDRP inscrit ses travaux dans le cadre de la statistique publique et du code des bonnes pratiques de la statistique européenne.

 

Pour en savoir plus : Premier ministre : l'ONDRP

 

A lire en particulier : Rapport annuel 2014 de l’ONDRP - P.V. Tournier :

La criminalité en France - Décès sous écrou en 2013 et évolution

 

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L'Observatoire international des prisons (OIP)

 

"Considérant que l'emprisonnement est une atteinte à la dignité de la personne, l'OIP-SF agit pour la défense des droits fondamentaux et des libertés individuelles des personnes détenues."
 
L'Observatoire international des prisons (OIP) est né en 1990 à Lyon (France) avec pour but de promouvoir, partout dans le monde, le respect des personnes incarcérées au regard des instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme.

Il a obtenu un statut consultatif à l'ONU en 1995. L'OIP s'est organisé progressivement en délégations régionales et sections nationales.

La conviction de l'OIP est que la loi du silence carcéral doit être brisée et la société française placée face à ses prisons. L'efficacité de l'association repose sur la médiatisation des dysfonctionnements du "service public pénitentiaire" et l'interpellation permanente des autorités concernées sur les manquements au droit. En donnant la plus large publicité à tout ce qui porte atteinte à la dignité inhérente à la personne humaine, l'OIP contribue à rompre le silence qui entoure le monde carcéral. En demandant l'application du droit commun en prison, l'OIP cherche à combattre l'arbitraire qui caractérise le fonctionnement de toute institution pénitentiaire.

Contrairement aux autres "observatoires" cités auparavant, il s'agit-là donc d'un mouvement associatif qui associe d'ex-détenus dans ses instances...

 

En savoir plus : L'Observatoire international des prisons
 

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Bientôt : Un observatoire des Parlementaires (et des journalistes) ?

 

France3 : Visite de la prison de Coutances par le député UDF de l'Eure Hervé MORIN qui a participé à la commission d'enquête parlementaire sur les prisons. Cliquez sur l'image pour visionner le documentaire

 

Depuis la loi du 15 juin 2000 renforçant la protection des victimes et la présomption d'innocence, les parlementaires sont autorisés à visiter à tout moment et de façon inopinée ces lieux privatifs de liberté...


Les journalistes pourront bientôt accompagner les parlementaires lors des visites de prison

 

Les journalistes pourront accompagner les parlementaires lors de leurs visites de lieux privatifs de liberté, comme les prisons, selon un amendement adopté mercredi par la commission des Affaires culturelles de l'Assemblée, en marge d'un texte sur la modernisation de la presse. Source : AFP (10/12/14)

 

Ouf ! nous voilà rassurés !

 

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Des chercheurs se penchent sur la Prison

"Dis-moi, petite fourmi, où vas-tu comme ça ?"

 

Les Prisons sont un lieu particulièrement propices à la Recherche universitaire. L'espace est clos, les règles (officiellement) parfaitement connues et le public est "captif"... Un merveilleux terrain d'observation, voire d'"expérimentations". Se rendent-ils toujours compte qu'il s'agit-là, non pas d'insectes que l'on étudie, tels des entomologistes, mais bien d'êtres humains, hommes et femmes, subissant un châtiment "exemplaire", souvent inhumain. Comme disait en son temps Albert Londres à propos des Bagnes : "Dans ce lieu, on est plus effrayé par le châtiment que par le crime"...

 

Cliquez sur l'image pour lire le programme

 

 

Claire de Galembert, Corinne Rostaing (2014), « La prison comme “laboratoire” des usages sociaux du droit »

 

Tout un programme !

 

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Réaction sur le vif d'un ex-détenu...

 

 

On sait ce qu'il faut savoir sur les prisons depuis plus de 40 ans

par Alain Cangina de l'Association Renaître,

Pour une justice résiliente et réconciliante

 

"On sait ce qu'il faut savoir sur les prisons depuis plus de 40 ans. Foucault a dévoilé l'essentiel de la trame et des ressorts qui se cachent derrière ce système. Alors, il ne sert à rien de disserter, de remâcher et de gloser sur ce qui a été dit, redit, re-redit et redit encore. Et qu'on ne vienne pas nous dire qu'il faut informer. Ceux qui veulent savoir trouvent sans problème toutes les informations nécessaires et internet pullule de renseignements. 

"Il est même dangereux de diviser la prison en domaines différents. il faut l'aborder de manière globale et transversale. A faire éclater la prisons en une multitude de thèmes on en atténue la grave problématique.

"Les témoignages, il y en a plein : livres, articles etc.... j'en ai 2 rangées de biblio complètes. 
Mais c'est comme si on voulait absolument éliminer la véritable question, celle qui interpelle la dimension politique en dénonçant la prison comme arme d'état contre les pauvres pour cacher les injustices sociales.

"Donc c'est bien dans le champ politique que le combat se mène, non contre les élus, il n'y a rien a attendre d'eux, mais dans la construction d'une nouvelle régulation sociale ou l'inclusion remplacera la répression.

"Et là, on verra bien que la punition est un non-sens. 

"Alors oui, il faut en parler souvent et partout mais pas n'importe comment, pas au profit de quelques uns et pas dans la myriade de spécialisations. On ne réglera pas l'abolition par les experts ni par les spécificités contradictoires...."

 

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Et pendant ce temps-là...

 

 

500 français par an sous les barreaux sans raison

 

Les détentions provisoires injustifiées sont tellement nombreuses en France que 500 français sont passés sous les verrous, malheureuses victimes d’erreurs judiciaires.

Au cours du recensement 2012 fait par 20 minutes.fr, 500 français ont passé en moyenne 409 jours en prison et ce, pour une raison injustifiée. Ils sont indemnisés chaque année pour être entrés en détention provisoire avant d’être finalement innocentés dans des procès...

 

Lire la suite : LINFO.re (14/12/14)

 

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Lire aussi : Bref voyage dans la prison sociale (Extrait de A corps perdu, revue anarchiste interantionale,n° 2, juillet 2009 - Paris)

 

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Post publié le 18/12/14 mis à jour le 21/12/14

 

 
 
 
 
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